vendredi 7 juillet 2017

Comment expliquer « pédagogiquement » la fermeture d'une Classe ULIS à Bruyères... pour le bien des enfants en difficulté ? 

Étonnante réunion que celle qui s'est tenue à la mairie de Bruyères le 13 juin à 14h, en présence de Monsieur le Maire et du premier adjoint : les représentants de l’Éducation Nationale condescendaient à venir répondre aux parents d'élèves et aux délégués de l'école primaire « Jules Ferry », quant aux questions soulevées par l'annonce de la fermeture d'une des deux classes ULIS et le devenir des enfants concernés.

Question : Alors que le chiffre maximum de 12 élèves par classe ULIS, figure dans la Circulaire n° 2015-129 du 21-08-2015 (BOEN n°31 du 27-8-2015), pourquoi avoir décidé la fermeture d'une de ces deux classe à Bruyères, alors que les chiffres prévisionnels qui vous ont été communiqués par la Mairie et/ou le Directeur de l'école (15), voire les parents d'élèves (14/16) nécessitaient le maintien de cette classe spécialisée, nonobstant les nouvelles orientations décidées par la MDPH et qui ne seront connues qu'en fin d'année scolaire ?

Mr Boll / IEN ASH d'expliquer doctement qu'un certain nombre d'élèves présents dans les classes ULIS de Bruyères ne bénéficieraient pas d'affectation MDPH et n'y auraient donc pas leur place. Au regard de l'Inspection Académique, ces élèves n'entrent donc pas dans les effectifs réels des classes ULIS. CQFD !
« Seuls 8 enfants seront maintenus en ULIS à la rentrée prochaine. A cela s'ajoute 2 dossiers qui ont été validés. Ainsi, en théorie, il reste encore deux places pour accueillir d'autres enfants et ces effectifs bas justifient la fermeture de l'ULIS ». (SIC)
Exit les 5 dossiers en attente de validation à la MDPH pour des placements en ULIS : Pour les représentants de l’Éducation Nationale, ils n'est pas question de les prendre en considération dans le prévisionnel 2017/2018, car seuls sont comptabilisés les enfants qui bénéficient présentement d'une affectation MDPH. Et comme l'IEN ASH ne « souhaite pas spéculer sur des si, si »... mais de souligner que « ces enfants doivent bénéficier d'une attention particulière et qu'il fallait faire correspondre les tableaux entre le lieu de domicile des enfants et leur dispositifs d'affectation.../... l'organisation des ULIS sur les Vosges bénéficie d'une réflexion régulière et s'ajuste au mieux au prévisionnel, c'est une décision construite », etc, etc...  quand bien même ces dispositions contreviendraient à l'esprit de la LOI n° 2013-595 du 8 juillet 2013 -dite, Loi d'orientation et de programmation pour la refondation de l'école de la République- qui précise que «tout enfant, tout adolescent présentant un handicap ou un trouble invalidant de la santé est inscrit dans l'école ou dans l'un des établissements mentionnés à l'article L. 351-1 du code de l'éducation, le plus proche de son domicile, qui constitue son établissement de référence ». 

Ce qui devait être un débat tourne à la langue de bois, langage stéréotypé dont on se demande s'il n'est pas enseigné à l'EN. dès lors qu'il s'agit de cacher aux parents d'élèves certaines réalités qui gênent, en répondant à côté de la question, avec des paroles creuses et/ou absconses.

Mr Haydont / adjoint au DASEN précise pour sa part qu'il s'agit essentiellement de répartir les moyens géographiquement : « L'académie n'a aucun intérêt à déplacer des classes et la priorité reste l'enfant et comment répondre à ses besoins » (casuistique pas morte!). Il souligne qu'il y a une réelle hémorragie des effectifs dans les Vosges (environ 500 enfants en moins par an) et que l'enveloppe des moyens est de ce fait, revue tous les ans, informant au passage les parents et les élus que « le cas de la deuxième ULIS école avait déjà été interrogé l'année passée car il n'était pas logique de garder deux classes pour seulement 15 élèves. Il était difficilement acceptable que dans le contexte actuel et les besoins en ULIS sur d'autres secteurs, cette classe soit sous-exploitée ». Qu'importe alors l'étude que nous leur indiquons -publiée sur le site de l’Éducation Nationale- qui montre l'augmentation croissante année après année des besoins en ULIS et le prévisionnel qui confirme cette tendance sur Bruyères. 
A ces propos, les parents d'élèves s'insurgent et soulignent qu'il n'était pas 15 mais 22 cette année. Mr Haydont s'obstine en précisant que seuls 15 élèves étaient présents sur les deux ULIS. Les parents d'élèves ré-affirment que 22 élèves étaient présents et proposent de lui communiquer la liste en leur possession avec le nom et prénom(s) de chaque enfant, mais les représentants de l'EN. refusent de s'engager sur ce terrain et préfèrent orienter la discussion sur la vocation première des ULIS qui est de favoriser l'inclusion en milieu ordinaire. 
Les inspecteurs de l'académie laissent entendre qu'à Bruyères, la vocation première de l'ULIS a été perdue puisque -selon Mme Le Botelanne / IEN-, il est très difficile d'inclure 22 élèves ULIS dans les 6 classes ordinaires de Bruyères. Les enfants des ULIS bruyéroises passeraient plus de temps en classe ULIS qu'en classe ordinaire puisqu'il est inconcevable que l'école réussisse à gérer convenablement les inclusions... n'hésitant pas à se contredire en précisant que lors de l'inspection des deux enseignantes ULIS « qui font un travail remarquable », elle n'avait vu que 4 et 6 élèves dans chaque classe.
Et comme on n'en est plus à une litote près, les Inspecteurs poursuivent en précisant que le département des Vosges a un ratio d'ULIS et d'enseignants spécialisés supérieur au reste des autres départements de l'académie. Personne au sein de l'EN. ne trouvant d'explication à ce phénomène, M. Haydont avance que « en créant des ULIS supplémentaires, on a créé le besoin ». Et de conclure : « La nature a horreur du vide !».   Aux membres présents de comprendre que la classe ULIS s'est donc remplie -de facto- parce qu'elle existait. Les représentants des parents d'élèves contestent cette remarque en précisant qu'aucun parent ne décide par hasard de placer un enfant en classe ULIS. La décision d'orientation en ULIS résulte d'observations de troubles d'apprentissage par l'équipe enseignante et si la MDPH valide ces dossiers, c'est qu'elle estime que cette solution est la plus favorable pour l'enfant. 

Il ressort de cette réunion que des enfants en difficultés vont faire les frais d'une gestion comptable de petit épicier, attitude que l’Éducation Nationale s'empresse de dissimuler derrière un discours jésuistique consistant à manipuler la réalité, à détourner l'attention par l'utilisation de propos qui font appel davantage aux sentiments qu'aux faits, afin d'éluder le sujet qui dérange... et en mettant les familles concernées devant l'évidence et le fait accomplis.

In fine, cette attitude aura au moins eu le mérite d'expliquer pourquoi et comment en 2016, la France est arrivée 26° sur 70 pays au classement mondial PISA / "Program for International Student Assessment" (soit "Programme international pour le suivi des acquis des élèves") et se retrouve au 12° rang des pays membres de la communauté européenne, loin derrière l'Estonie ou la Finlande, voire assez largement devancée par l'Allemagne, ou le Royaume-Uni... et  dépassée par le Portugal depuis le dernier rapport ! 

Pas de quoi être fier.